Les matériaux biosourcés sont-ils rares ?

Les industriels qui utilisent des matières biosourcées éprouvent bien souvent des difficultés d’approvisionnement. Cela veut-il dire pour autant que les matières biosourcées sont rares ? 

Dans cet article nous verrons qu’il n’en est rien. Bien au contraire, la biomasse est une source de carbone considérable qui multiplie les champs d’application des biosourcés !

 

Matériaux biosourcés : de quoi parle-t-on ?

Selon la norme NF EN 16575, un matériau biosourcé est :

  • Totalement ou partiellement issu de la biomasse
  • D’origine animale comme végétale
  • Généralement dérivé de co-produits agricoles ou de la sylviculture

 

    La biomasse : une définition large

Les sources de matière biosourcée sont multiples, car la notion de biomasse englobe « la masse constituée par l’ensemble des êtres vivants présents sur la planète ».

Par conséquent, si les biosourcés actuels sont le plus souvent d’origine agricole ou forestière, toute source de carbone d’origine biologique peut entrer dans la fabrication de matériaux biosourcés : algues, déchets organiques, etc.

 

Des produits partiellement biosourcés

Pour être considéré comme biosourcé, un matériau peut être partiellement composé de matière issue de la biomasse.

La part de biosourcé varie donc suivant les produits !

Le label « Produit biosourcé » a ainsi été créé pour certifier les matières intégrant une part significative de biosourcé. Des seuils minimums sont fixés par famille de matériaux.

Pour connaître la quantité de carbone renouvelable  qui est contenue dans un matériau, on utilise une méthode de datation au carbone 14 (selon les normes ASTM D6866, ISO 16620, etc.).

 

La rareté des matières biosourcées est un mythe !

Selon une étude1, la totalité de la biomasse présente sur Terre est estimée à 550 gigatonnes (GT) de carbone (GT C), dont 450 GT C rien que pour les végétaux.

Mais les végétaux ne sont pas les seules sources de carbone biologique !

En effet, les micro-organismes sont également une source très importante. Voici la répartition en GT de carbone :

  • Bactéries : 70
  • Champignons : 12
  • Archées (archéobactéries) : 7
  • Protistes : 4

Enfin, le règne animal ne doit pas non plus être oublié, puisqu’il représente 2 GT C, réparti majoritairement entre les arthropodes (1,2) et les poissons (0,7).

La biomasse des océans2 n’équivaut qu’à 1 % de la biomasse totale. Un chiffre surprenant quand on sait que les océans représentent 71 % de la surface de la Terre !

Si la biomasse est omniprésente, d’où vient alors cette apparente « rareté » des matières biosourcées, notamment en ce qui concerne les bioplastiques ?

 

Le problème de la disponibilité commerciale des matières biosourcées

Comme détaillé dans cet autre article, les matières biosourcées souffrent essentiellement d’un manque de disponibilité commerciale.

Cette situation est tout à fait normale, car pour l’industrie, ces matériaux sont plutôt nouveaux. La filière biosourcée est encore jeune et les capacités de production ne sont donc pas toujours en adéquation avec les demandes (BioPE, BPS, PHA, PLA, etc.). 

L’avantage de la biomasse est sa disponibilité, puisqu’on la trouve tout autour de nous, contrairement au pétrole, dont les gisements sont inégalement répartis sur terre. Pour exploiter la biomasse, il suffit donc de chercher les gisements pertinents et d’essayer de les cultiver ! 

Cette démarche novatrice, qui commence à germer dans les esprits, est celle entreprise par Lactips.

Enfin, travailler les matières biosourcées c’est aussi améliorer la résilience économique de son territoire !

 

Une situation qui va s’améliorer

La filière des biopolymères est en pleine structuration et les capacités de production sont amenées à tripler d’ici 5 ans.

Selon l’étude réalisée par European Bioplastics3, en 2023 l’industrie des bioplastiques a produit à pleine capacité, ce qui montre bien que la demande est forte.

Afin de s’adapter à la demande, « la capacité de production mondiale de bioplastiques devrait augmenter de manière significative, passant d’environ 2,18 millions de tonnes en 2023 à environ 7,43 millions de tonnes en 2028. »

 

De multiples gisements de matériaux biosourcés

Différentes sources de biomasse peuvent être exploitées pour créer des matières biosourcées. Voici quelques exemples.

Biomasse d’origine alimentaire :

  • Huiles végétales – soja, palme, tournesol…
  • Amidon – maïs, pomme de terre…
  • Glucose – canne à sucre, betterave…

Biomasse d’origine non alimentaire :

  • Biomasse lignocellulosique – Bois, coproduits du bois, déchets de l’agriculture…
  • Huiles végétales non alimentaires – ricin et déchets de production des huiles…

Biomasse d’origine non alimentaire et cultivable hors-sol :

  • Sucres
  • Huiles produites par des micro-organismes
  • Déchets municipaux

En outre, cette liste est loin d’être exhaustive, car de nouveaux matériaux vont continuer à arriver sur le marché, grâce à l’innovation et aux multiples gisements de biomasse exploitables !

Exemples d’innovation

  • LACTIPS : matériau naturel à base de protéines
  • Chitosan4 : polymère à base de chitine issue de coquillages et crustacés
  • Agarose5 : polymère dérivé de l’agar-agar, donc issu d’algues marines

 

Les nombreuses applications industrielles des biosourcés

Les évolutions réglementaires (AGEC, EGALIM) ont favorisé le développement des biosourcés et leur utilisation dans le secteur de l’emballage alimentaire en particulier.

  • BioPET : emballages de bouteilles en PET biosourcé
  • BioPE : bouteilles de shampoing, sacs poubelle
  • PBS/PBSA/PBAT : emballages souples
  • Etc.

Mais le secteur de l’emballage n’est pas le seul à s’y intéresser et les applications industrielles se multiplient ou sont en cours d’étude.

  • PHA : couverts, jouets, produits grand public
  • BioTPE : chaussures, bracelets de montre, articles de sport
  • BioPA – PA116 : pièces industrielles haute performance (aéronautique, automobile, médical, etc.)

 

Conclusion

Les matériaux biosourcés ne sont pas rares au sens strict du terme, en revanche, leur disponibilité est souvent problématique.

La situation évolue heureusement dans le bon sens, car la filière des matières biosourcées est en plein développement et les possibilités industrielles ne vont faire que s’accroître !

 

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1 https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1711842115

2 https://www.fondationbiodiversite.fr/repartition-globale-de-la-biomasse-au-sein-de-la-biosphere

3 https://www.european-bioplastics.org/market/

4 https://www.ledevoir.com/environnement/542215/des-crustaces-qui-font-du-plastique

5 https://www.usinenouvelle.com/article/l-industrie-c-est-fou-une-designer-cree-du-bioplastique-a-partir-d-agar-agar.N796015

6 https://www.initial.fr/nouvelle-matiere-pa11-biosource/

Lactips